Décrire son parcours quand on vient de commencer, c’est quelque peu étrange. Mais comme le but d’un site web l’oblige, permettez-moi de partager quelques informations. 

Originaire de Gatineau, je suis une autrice et comédienne de la relève, queer, travaillant à Tiotiake-Montréal ainsi que dans le Canada francophone hors Québec, particulièrement dans ma région natale. J’écris principalement par amour des autres, puis par indignation face aux injustices. J’aime explorer la poésie dans la franchise et la douceur dans la révolte. 

Après la publication d’un blog (non-fructueux) à l’adolescence et la multiplication d’animations de show au secondaire (alimentés par le répertoire des jokes plates de google), je me tourne vers le théâtre. Petite, c’est à la fois l’envie de faire des foleries et celle de dénoncer qui m’habite au quotidien. Dès la fin de mon secondaire je suis acceptée, à mon humble surprise, à l’école de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe en interprétation théâtrale. J’y étudierai 2 ans construiront la base de la comédienne que je suis. 

Puis, durant ces mêmes années, je vais à Paris avec mes parents pour regarder la pièce «Je suis Fassbinder» de Falk Richter. La pièce traite dans un dialogue à la fois intime et politique, les tensions du fascisme ambiant. À la fin du spectacle, une jeune femme se lève et crie «Paris debout» ! Silence complet dans la salle. Puis soulèvement. Quelque chose se cristallise en moi : le théâtre peut aussi être un lieu de révolte. 

Fascinée par la création et la construction des systèmes qui endoctrinent, je complète ensuite un baccalauréat en théâtre avec mineure en science politique à l’Université d’Ottawa. Inspirée à la fois par Marjolaine Beauchamp que Lana del Rey, ou encore Steve Gagnon, j’écris deux pièces de théâtre à ce même moment : Laurence et Profil. L’une portant sur le pouvoir de l’amitié au féminin face à la maladie, et l’autre sur la dictature du bonheur sur les réseaux sociaux. Je co-dirige, écrit et interprète aussi au sein d’un collectif de théâtre poétique pandémique : Les Frivoles. Mais c’est pas moi qui me déguise en oiseau. Une expérience marquante qui me donnera envie de continuer à créer en gang et pour apprendre à faire communauté. 

La pandémie amène toutefois un tout autre angle à ma jeune carrière. Les enjeux écologiques se placent au centre de mes réflexions. Je complète une maîtrise en recherche et création sur le potentiel des écoémotions au théâtre et je commence à aborder les impacts émotifs et relationnels de la crise climatique dans mes différents textes et mises en scène, notamment à travers une pièce in-situ en forêt Au-delà des ruines (explorée lors des laboratoires de création du Centre National des Arts) puis l’écriture d’un roman en cours parrainé par l’UNEQ. Le théâtre et la création deviennent alors des terrains pour prendre soin du vivant et approfondir ma relation avec le non-humain. 

Finalement, co-fondatrice de l’organisme Éclore je travaille activement à lier davantage les artistes au grand mouvement de la transition sociale et écologique. 

On me demande souvent «est-ce que tu fais du théâtre politique» ? Ça me fait toujours un peu rire, parce que l'art pour moi c'est politique tout le temps, c'est un soulèvement, (demander le à n'importe qui avant d'entrer sur une scène ça shake comme pas possible), ce n'est pas un discours, ce ne sont pas des réponses, mon but n'est pas de convaincre qui que ce soit, mais de dévoiler quelque chose de brut, de tangible et ça peut demander le même genre de courage, d'amour collectif, que n'importe quelle petite révolution.

Je crée principalement par amour des autres, puis par indignation face aux injustices. J’aime explorer la poésie dans la franchise et la douceur dans la révolte. C’est nourri de mes contradictions que j’écris : franchise décapante et douceur, sensorialité et texto-centrisme, intellectualisme et amour intuitif. La musique et l’art cinématographique sont parmi les médiums qui m’inspirent le plus dans la forme. Le souffle est le fil conducteur de mes créations. Je cherche à faire ressentir l’urgence d’agir, mais aussi l’amour comme force déchirante. 

En cette ère de polycrises (sociales, environnementales, politiques et économiques) je crois que les arts peuvent nous aider à reconnecter au vivant et apprendre à faire communauté. Mes obsessions du moment dans la création sont : l’amour du territoire québécois (le fleuve, ses forêts, le minuscule grandiose), les femmes qui bâtissent et ont bâti (les amies, les mères) et la maternité comme territoire politique. 

Ma démarche de création mêle écriture textuelle, de plateau ainsi que processus de co-création avec le territoire et les interprètes. En tant que metteuse en scène je perçois le laboratoire de création comme un espace pour pratiquer la communauté, avec une emphase sur la direction d’acteurs, la psychologie des personnages et les valeurs qu’ils portent, nourrie par mon bagage universitaire en ce sens.